Voyages Et Randonnées

Népal : Le grand tour du massif des Annapurna

3 semaines de trek autour des Annapurna en octobre 2004

298,7km   +8106m/-7836m

Article publié en novembre 2004

Jour -9 - Paris

Premier épisode : A la recherche du carnet perdu.

Le colis est annoncé, sur Internet, comme arrivé, mais rien dans la boite aux lettres même pas l'avis de passage. Un coup de téléphone au bureau de poste, le carnet de voyage envoyé par Agnès, pour mon anniversaire en prévision de ce grand voyage, m'attend.

Récupération dudit carnet, j'appelle Agnès pour lui confirmer que j'ai bien reçu le carnet et pour la remercier de ce superbe et magnifique carnet de voyage qui devrait être à la hauteur du voyage.

Premier mot dans le carnet.

Inscrit depuis plusieurs mois pour ce, je l'espère, fabuleux voyage, la date de départ approche. Les billets d'avion sont déjà arrivés, la liste du matériel et des affaires à prendre aussi. Plutôt longue la liste.

Jour -7 - Paris

Nouvel épisode : Gros problème.

Dimanche, première tentative pour rentrer le tas de linge et d'affaires diverses dans le sac qui subitement a rétréci.

Première tentative et premier échec, le sac est plein, et le tas est quasi intact.

Il va falloir travailler l'optimisation.

Jour -6 - Paris

Deuxième tentative pour faire le sac, très gros progrès, 90% de la montagne de linge et d'affaires est rentré dans le sac. Et contrairement à la veille, il ferme.

Mais est-ce que je n'ai pas oublié quelque chose ?

Jour -4 - Paris

Enième tentative, couronnée de succès, tout est rentré. Il reste même quelques trous, vite comblé par des petits oublis.

Check-up de la liste, tout est là, du moins je l'espère. Le sac ferme sans m'asseoir dessus.

Un grand merci à Caro pour ses conseils d'optimisation : ne pas mettre les chaussettes en boules, etc.

Jour 0 - Paris - Katmandou

Le départ tant attendu est enfin là. Il y a un an le voyage était décidé, six mois que l'inscription est faite. Le stress accompagnant le départ arrive, où sont les billets d'avion, le passeport ?

Dernier contrôle pour vérifier que je n'oublie rien, que tout le nécessaire est là, que le gaz est coupé, le frigo est dégivré.

Départ en métro, mais que fait-il ? Ce n'est rien, c'est le stress.

Gare du Nord, changement pour prendre le RER. Il y a une grève imprévue ou quoi ? Non, le voilà.

Roissy Terminal 1, comme d'habitude un tour pour rien à chercher le comptoir de la Qatar Airways ou des têtes connues. Finalement, j'ai tellement d'avance que je fais un deuxième tour, toujours rien.

Il n'y a pas de comptoir de la Qatar, il faut aller directement à la porte d'embarquement ????

Je m'assieds avec un roman L'artiste des dames d'Eduardo Mendoza.

Après quelques minutes, les panneaux du comptoir sont mis en place. Le mystère est résolu, les comptoirs sont partagés entre plusieurs compagnies. Des têtes connues sont déjà dans la file d'attente.

Smac, smac, et resmac.

Santa en suisse italienne ou italo-suisse qui se respecte nous rejoint directement dans la file, elle passe devant tout le monde.

Petite collation chez Hippo, le choix des restaurants est plus que limité. La viande est correcte, de toute façon cela risque d'être les derniers morceaux de viande pour les trois semaines qui suivent.

Embarquement à la Française, tout le monde se presse pour rentrer dans l'avion.

Décollage impeccable sous la pluie, il est 22h19, la température extérieure est de 12°C.

Collation gargantuesque, du moins dans d'un avion et après un repas. Les couverts sont en métal et une petite cuillère pour la collection de Claudine qui malheureusement n'a pas pu nous se joindre à nous.

Le film du voyage à choisir parmi une liste conséquente et à visionner sur mon écran personnel. La Qatar veut donner une bonne image d'elle-même. Je choisis : Le terminal, rien à dire au film autre que mignon. Après le film, je fais une petite sieste.

Petit déjeuner composé de viennoiseries, salade de fruits.

Je profite du temps avant l'atterrissage pour écrire ces quelques lignes et pour griffonner quelques dessins sur le carnet.

5h00, la descente sur Doha est annoncée. 5h00, Doha s'éveille, du moins le soleil se lève.

Jour 1 - Paris - Katmandou

Atterrissage à Doha, 27°C à 05h30. Nous sommes directement dirigés dans la zone de transit articulée autour du Duty-Free. Le Qatar est un autre monde, les voitures de service sur les pistes sont des grosses BMW - style Série 5.

Une petite sieste sur les fauteuils de la zone de transit avant de repartir pour Katmandou.

Le mélange dans l'aéroport est assez impressionnant, avec de vrais bédouins comme dans Tintin.

Les quelques pas sur le tarmac entre le car climatisé et l'avion se font sous une chaleur accablante et suffocante.

La fatigue est telle qu'une bonne partie des passagers, dont moi, dormons avant d'avoir décoller.

Après quelques minutes ou heures de sieste, nouvelle collation : un petit déjeuner.

Cela fait 24 heures que je suis réveillé avec juste quelques heures de somnolence et quelques petites siestes.

Sur la gauche de l'appareil, j'aperçois la chaîne de l'Himalaya dont les sommets dominent les nuages. Le sol népalais s'approche.

Enfin les premiers pas à Katmandou, dans une moiteur limite insupportable. Il fait seulement 25°C, mais le ressenti laisse penser qu'il fait plus.

Le groupe embarque, sous les ordres de Anup - notre guide, dans un minibus en direction de l'hôtel Manaslu - une petite pensée pour Alfred qui dans une semaine décolle pour faire le tour du Manaslu. L'hôtel a l'air plutôt classe.

La conduite népalaise très typique doit être très difficilement praticable pour un occidental. La notion de priorité à l'air d'être lié à la puissance du klaxon, et grâce à l'aide d'une des nombreuses divinités du panthéon hindouiste, tout à l'air de bien se passer.

Nous dînons au restaurant de l'hôtel, suivie d'une petite balade dans les rues avoisinantes, dans les boutiques ouvertes tardivement.

Les grillons que l'on entend la nuit de la chambre sont, en fait, seulement la cacophonie de klaxons.

L'hôtel Manaslu

Jour 2 - Bhaktapur

Petit déjeuner type anglais : saucisse, beans, haricots rouge, bacon, tomate, etc.

Départ pour Bhaktapur, une des trois anciennes villes royales de la vallée avec Katmandou et Patan.

La ville est magnifique avec des bâtiments du XVème et du XVIIIème siècle. Une première pause photo à Dattatraya Square où se trouve le temple le plus ancien du Népal. Les bâtiments les plus anciens ont été détruits au cours des successives invasions qui jalonnent l'histoire du Népal. Nous profitons de ce lieu pour faire du change. Une fois que tout le groupe a fait le change, pris les photos, nous repartons à travers le labyrinthe des petites ruelles. Les maisons possèdent toutes des portes et des fenêtres sculptées.

Au détour d'une ruelle, nous arrivons sur Durbar Square, la place où se trouve le palais royal. Nous déjeunons dans un petit restaurant : chicken curry rice et un yaourt local. Face à nous, un groupe d'enfants décide de jouer aux osselets, essayant d'attirer notre attention focalisée par nos assiettes.

Place Dattatraya Mayur Jhyal Taumadhi Square Poterie Fillette aux osselets

Jour 2 - Pashupati Nath - Bodnath

Retour à notre bus, pour nous rendre à Pashupati-Nath où se trouve un grand temple hindouiste. C'est une ville sainte, des monuments religieux sont visibles un peu partout, au milieu desquels se promènent des babouins. Ils traversent la rivière sur les fils électriques ou tentent de pousser les gens dans la rivière.

Seule une partie de la ville est ouverte aux touristes. La partie non visitable est celle du grand temple que nous apercevons de l'autre côté de la rivière, ainsi que les autels servant à la crémation des défunts.

Ensuite, nous partons pour Bodnath où se trouve le plus grand stupa du Népal et peut-être même du monde. Il est possible de faire le tour aux différents niveaux mais toujours en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, pour avoir le bâtiment à la droite. A gauche capitaine Hadock Tintin au Tibet.

Après regroupement de tout le monde, Anup part à la recherche de Sébastien, qui c'était arrêté pour acheter un chapeau.

Pashupati Nath Pashupati Nath Grand stupa de Bodnath Moulin à prière

Jour 2 - Katmandou

Les trois visites ont été un peu rapides à mon goût, j'aurais aimé pouvoir flâner un peu plus dans Bhaktapur.

De retour à l'hôtel, je dépose les affaires, avant de repartir en petit groupe pour aller dîner dans le quartier de Thamel, le grand marché. Nous perdons encore Sébastien. Nous dînons dans un petit restaurant typique assis sur des tapis. La nourriture est excellente (chicken tikka et crêpe miel banane).

Nous faisons plusieurs pauses lors du retour à la recherche de timbres.

A 50m de l'hôtel, Sébastien nous retrouve dans une boutique en train de faire des achats. Nous sortons de la boutique, faisons 10m et nous avons encore perdu Sébastien. Ne voudrait-il pas s'installer au Népal ?

Une demi-heure que je suis rentré - temps nécessaire pour le brossage de dents, et l'écriture de ces lignes. Et Sébastien n'est toujours pas rentré. Enfin si ! Il rentre juste au moment où j'écris cette dernière ligne.

Filtre à eau

Jour 3 - Katmandou - Bhulbhule

10,8km   +75m/-0m
En Ligne   +26°/+29°

05h00 Katmandou s'éveille, du moins notre groupe. Nous partons de bonne heure pour éviter les embouteillages. Car nous avons 170Km à faire, il faut compter 5 ou 6 heures de route.

Raté, premier kilomètre, premier embouteillage.

Nous voyons les Népalais faire leur jogging, les hommes en jogging, les Népalaises en sari.

Dès les premiers kilomètres la moyenne tombe, les suivants confirment. Entre les contrôles de la police, des militaires, les camions en panne sur la route, les véhicules qui ont brûlé, les accidents, les gens qui s'arrêtent pour la pause pipi, pour acheter des bananes, etc. La route est parsemée d'obstacles qui font chuter la moyenne.

Lors d'une pause thé, nous nous approchons de la rivière pour observer tous ces gens qui cassent des cailloux pour faire du gravier. Chacun est spécialisé dans un calibre particulier. Ce gravier est utilisé pour le revêtement des routes, pour le béton, etc.

15h30, nous arrivons à Besisahar, impossible d'aller plus loin en bus. La randonnée commence, nous avions des fourmis dans les jambes.

Première épreuve : la traversée de ruisseau à gué.

Deuxième épreuve : la traversée de rivière sur un pont en bois constitué, en fait, de trois rondins de bambous.

Troisième épreuve : la passerelle suspendue.

Les différentes épreuves se répéteront plusieurs fois. Nous doublons des convois d'âne chargé de marchandise pour ravitailler les villages.

Dîner et logement dans notre premier lodge à Bhulbhule.

Lodge

Jour 4 - Bhulbhule - Syange

21,1km   +405m/-85m
En Ligne   +18°/+24°

Un gros orage éclate en pleine nuit, j'espère que cela ne durera pas.

Le réveil sonne à 06h00 du matin.

Premier pont suspendu de la journée, et nous partons à travers les rizières. Nous apercevons un sommet enneigé l'Himal-Chuli (7893m), dans le massif du Manaslu (8156m).

Les paysages de rizières, avec ses formes géométriques et ses dégradés de vert, avec ses villages qui cassent la monotonie des formes, sont vraiment superbes. Il manque juste un petit rayon de soleil.

L'orage commence à gronder, les premières gouttes tombent, heureusement Bahum-Dauda où se trouve le restaurant n'est plus très loin. Longue pause au restaurant, nous avons espoir que la pluie cesse.

Tant pis, nous repartons avec cape de pluie et veste goretex. Heureusement, le reste de l'étape est relativement court avant notre hôtel.

Notre hôtel à Ghermu-Phant fait face à une magnifique cascade. Il pleut toujours, et pourtant notre hôtel s'appelle Rainbow.

Avant le repas, Olivier offre au groupe, aux porteurs un apéro : un vieux rhum.

La nuit n'est pas trop fraîche : 16°C.

Himal Chuli Rizière Rizière

Jour 5 - Ghermu Phant - Tal

22,3km   +505m/-0m
En Ligne   +19°/+27°

Le réveil est à 06h00, le ciel est bleu.

Après le petit déjeuner, départ à 07h00, un pont suspendu pour traverser la rivière, suivi par la première montée de la journée. La température grimpe aussi. Nous traversons le village de Jagat qui surplombe la rivière.

Le parcours est jalonné de cascades toutes plus belles les unes que les autres.

Nous déjeunons à Chamje au Tibetan Hotel. Je tente de porter une des charges des porteurs, résultat 3 pas, à recommencer ultérieurement. Grosse différence de style avec un porteur professionel.

Surprise au menu de notre repas : saucisse frites !!

Plus nous avançons dans la vallée, plus elle se resserre.

Une petite pause pour marquer les 1500m d'altitude, plus que 4000m pour passer le col. La température avoisine les 27°C, et avec l'humidité cela est à la limite du supportable.

Après un raidillon, nous entrons dans le district de Manang, symbolisé par une porte, d'où nous apercevons le village de Tal au milieu de vallée qui s'est subitement élargi. Nous logeons à l'hôtel Paradize, tout un programme.

Encore une fois, nous avons vu sur une cascade qui rythme nos nuits.

Etant un porteur, je suis invité à l'apéritif, avec les sirdars et les porteurs, alcool de riz dilué dans de l'eau.

A 20h30, tout le monde est au lit.

Manaslu Cascade Porteur Vallée La fillette

Jour 6 - Tal - Timang

16,2km   +930m/-0m
En Ligne   +14°/+21°

La nuit est fraîche, le réveil est à 06h00. Il pleut.

Après le petit déjeuner, nous retardons un peu le départ en attendant la fin de l'averse.

La large vallée glaciaire se resserre après Tal.

A Dharapani, nous attendons Sun qui doit montrer le permis de trek obligatoire pour pouvoir randonner.

Dharapani est au confluent de la vallée de la Dudh-Khola qui descend du massif du Manaslu. Alfred finira son trek par le chemin que nous venons d'emprunter.

La ville marque aussi l'endroit où nous changeons de direction, de nord nous nous orientons maintenant vers l'ouest.

Lors de la pause, Anup nous parle du système de caste qui bien que normalement illégal, reste très présent. Il nous parle aussi de la vie au Népal, nous avons des questions sur le métier de porteurs. Un porteur gagne normalement 100/150 roupies par jour, ils travaillent 20 jours par mois. Nos porteurs, engagés par une agence française, sont payés 300 roupies par jour. Un instituteur gagne 4900 roupies par mois, un professeur d'université gagne 7500 roupies.

Lors du repas, la pluie commence à tomber. Nous repartons avec les capes de pluie, mais malgré un ciel bas, pas de goutte.

La végétation de cet après-midi est différente de celle de la matinée : culture de maïs, arbuste, marijuana sauvage qui poussent au bord des chemins. L'après-midi, c'est forêt de rhododendron, d'érable, de cèdre et de pin d'Himalaya.

Nous quittons l'autoroute, pour une variante. Nous arrivons à Timan, dans le Bear Lodge, le temps se rafraîchit, il fait entre 14-15°C.

Les porteurs nous offrent un petit concert de chansons népalaises, et de danses locales.

La nuit, la température baisse encore, 8°C dans la chambre, à l'extérieur la pluie s'arrête pour laisser place à la neige.

Vallée Bébé Fillette

Jour 7 - Timang - Bharatang

18km   +270m/-0m
En Ligne   +8°/+22°

La forêt, les montagnes sont couvertes de neiges. Le ciel est bleu. Nous sommes le 15 octobre, et la mousson ne dure jamais après le 15. Espérons que les statistiques disent vrai.

Le début du chemin, en traversant la forêt de pins d'Himalaya, est superbe, le temps est frais 14-15°C.

Au début d'un virage, nous apercevons l'Annapurna II (7937m). Magnifique. Annapurna signifie abondance en sanscrit, Himal veut dire neige et tandis que Laya est le lieu.

Nous traversons de vrai villages, dont le village de Thanchok. Un vrais village est un village de paysans, et pas un village construit pour les touristes et donc on ne voit que des restaurants ou des lodges.

Nous redescendons vers l'autoroute que nous rattrapons au bord de la rivière.

Longue pause pour signer les registres de la police et des militaires à un contrôle. Il faut retrouver le passeport perdu au fond du sac et trouver un crayon.

Nous déjeunons à Chame, où nous apercevons le Lanjumg-Himal (6931m). Nous profitons de la terrasse du restaurant pour lézarder au soleil. Un de nos porteurs blessé à la cheville s'arrête là. Sa charge est repartie entre les autres porteurs et les sirdars.

Le chemin emprunté l'après-midi traverse une forêt de pin de l'Himalaya. Nous faisons le trajet en compagnie des porteurs. Baale, un des porteurs (1,55m, 50Kg) est impressionnant. Il monte au même rythme que nous, en chantant, et en portant une bonne trentaine de kilos.

La nuit à Bharatang sera probablement très fraîche car il fait seulement 9°C à 18h00.

Manaslu Montagne Annapurna 2 Lamjung Himal Shorten

Jour 8 - Bharatang - Ngawal

22,2km   +945m/-245m
En Ligne   +1°/+22

La nuit est effectivement très fraîche 5°C, et bruyante avec les souris et le vent qui passe à travers les murs en pierre sèche.

Nous remontons la vallée, le début de la matinée est frais 1°C et venteux dans cette partie très encaissée. Nous traversons le pont suspendu de la journée, d'où nous apercevons une dalle inclinée au sommet enneigé. Impressionnant, car sous nos yeux, nous pouvons voir les forces de l'écorce terrestre mises en jeux.

A partir de là, la vallée s'élargie, le paysage change complètement. Le chemin sillonne à travers des pins de taille réduite. Nous apercevons face à nous le Chulu-East, et à notre gauche l'Annapurna II. Nous franchissons les 3000m d'altitude.

Nous prenons notre repas à Pisang. Puis nous montons au monastère de Upper-Pisang. Le monastère est récent, l'ancien trop endommagé, ne peux pas être réparé. Nous partons vers Ghyaru. Au pied du village, une longue montée raide et en lacet, 32 virages en épingle. Olivier et moi franchissons la porte du village en tête après avoir doublé Komol dans le dernier virage, accueillit par nos supporteurs : un troupeau de vaches.

Nous partons en direction de Ngawal, d'où nous avons une superbe vue sur la chaîne des Annapurna. De gauche à droite : le Lamjung-Himal, l'Annapurna II, IV, III, le Gangapurna, jusqu'au Tilicho-Peak à l'extrême droite.

Les premiers maux de tête apparaissent, le souffle devient court. Nous dominons la vallée glaciaire où serpente la rivière. En parodiant Napoléon :  Du pied de ces montagnes 8000m nous dominent. 

Un de nos porteurs c'est blessé au dos, Sébastien l'infirmier du groupe est appelé aux soins.

Pour une fois, la nuit n'est pas trop fraîche 7°C, à Ngawal.

Annapurna 2 Moulin à prière Annapurna 2 Annapurna 2 Ghyaru Ngawal

Jour 9 - Ngawal - Manang

13,2km   +85m/-200m
En Ligne   +7°/+18°

Aujourd'hui demi-journée pour permettre l'acclimatation à l'altitude. Les maux de tête sont moins nombreux, moins violent, le souffle reste court. Le chemin traverse une forêt de pins himalayens de format réduits, de genévriers. Nous traversons de vrais villages népalais où vivent des agriculteurs éleveurs.

Le chemin rejoint l'autoroute dans la vallée. Le vent commence à souffler. Nous faisons une pause thé à Braga où nous allons visiter le monastère bouddhiste. De là, une demi-heure de marche pour rejoindre Manang, terme de notre courte étape. Anup nous conseille d'assister à la conférence donnée par le HRA sur le mal des montagnes.

Une petite balade détente jusqu'au lac, où Eglantine, Pierre-O, Jean-Luc, Dominique, Vincent, Olivier, Sébastien et moi organisons le premier tournoi international de ricochet de Manang. Le premier lauréat du tournoi est Sébastien avec 7 ricochets. Retour en ville pour la visite de la ville avant le coucher du soleil.

Excellent dîner où nous mangeons un steak de yak sauce au poivre accompagné de frites.

Spectacle de danse et de chant par les sirdars et les porteurs qui ont passé une partie de l'après-midi à boire.

Anup nous apprend un jeu de carte populaire au Népal, une sorte de jeu de l'ascenseur ou de Swift, appelé Callbreak. Ce jeu se joue à 4 joueurs auxquels on distribue 13 cartes d'un jeu de 52 cartes. La couleur pique est l'atout. L'ordre des cartes est as, roi, dame, valet, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2. Chaque joueur annonce le nombre pli qu'il compte faire. Et le jeu peut commencer. A la fin chacun compte son nombre de pli, celui qui n'a pas fait le nombre escompté marque en négatif le nombre de pli annoncé. Celui qui fait le nombre exact marque le nombre de point équivalent, s'il fait plus, le joueur marque le nombre de pli virgule l'écart. Au bout de quatre tours, le sous-total est fait. Une partie se joue en cinq tours.

Shorten Annapurna Braga Manang Manang

Jour 10 - Manang - Yak Karka

16,8km   +825m/-350m
En Ligne   +10°/+16°

La nuit fût courte, car bruyante, mais l'acclimatation semble bonne, j'arrive à dormir sur le ventre malgré le manque d'oxygène.

Départ de Manang à 8h00, nous montons plutôt rapidement, la vue de la vallée et de Manang au petit matin est superbe, sans oublier les Annapurna et le Manaslu.

La végétation se clairseme et la taille des arbustes se réduisent. Nous cheminons au travers des Seabuckthorn, des petits arbustes dont les fruits rouges sont utilisés pour faire des jus de fruits. Nous apercevons les dernières fleurs, quelques gentianes, enfin nous supposons d'après les feuilles.

Au détour d'un virage, Anne nous signale un troupeau de daims, qui ressemble à nos bouquetins. Ce sont des chèvres bleues d'Himalaya. Un peu plus loin, nous sommes survolés par un aigle (royal ?).

L'arrivée à Yak-Karka marque le passage des 4000m d'altitude.

Après le repas, nous faisons une balade détente d'acclimatation, nous montons de 300 mètres par un chemin raide derrière l'hôtel, puis nous faisons une petite sieste au soleil.

Etant fatigué, je pars me coucher tout de suite après le repas, pendant que quelques-uns uns jouent au callbreak.

Longue nuit calme et pas trop fraîche par rapport à l'altitude, 6,5°C dans la chambre.

Manang Jharsang Khola Thorong Pass Gangapurna

Jour 11 - Yak Karka - Thorung Phedi

13,4km   +890m/-420m
En Ligne   +0°/+14°

Joyeux Anniversaire Claudine, qui aurait dû être présente parmi nous. Nous aurions eu droit à un gâteau.

Encore une journée magnifique en perspective, le soleil brille mais les ruisseaux et les flaques d'eau sont encore gelés.

Nous partons sur l'autoroute, qui mérite amplement son nom, par moment, il est possible de voir une file continue de randonneurs et de porteurs.

Le souffle court, nous montons lentement vers Thorong-Phedi, dernière étape avant le col.

En arrivant, je ne me sens pas bien, certainement de l'hypoglycémie ou le mal des montagnes, je m'allonge. Sébastien me réveille pour déjeuner. Anup décide de me faire passer sous Diamox. L'après-midi pour moi, c'est repos, pendant que certain vont faire une balade d'acclimatation qui les amène à une altitude supérieure au Mont Blanc.

Nous avons quitté le monde végétal pour le minéral.

La nuit s'annonce fraîche dans les chambres, il fait 5,5°C à 17h30. Effectivement, la nuit fut fraîche 3,5/4°C.

Montagne Pâturage Avant Thorong Phedi

Jour 12 - Thorung Phedi - Muktinath

19,2km   +986m/-1656m
En Ligne   -7°/+20°

Réveil à 3h45, pour partir de bonne heure, pour deux raisons : passer le col avant que le vent se lève, et deuxièmement pour ne pas décourager les trekkeurs dans la montée, la première partie de l'étape étant très raide, la suite n'est qu'une interminable succession de crête.

La montée jusqu'au Camp Base (4820m) se déroule sans problème malgré le froid (-5°C) et les nombreuses courtes pauses pour reprendre son souffle.

Nous partons pour le Tea Shop, le soleil se lève nous livrant un magnifique spectacle. Le Tea Shop, à 5000m, permet de nous réchauffer avec un bon thé - normal pour un Tea Shop. En sortant, je suis malade atteint par le mal des montagnes, en fait tout problème de santé est lié au mal des montagnes, alors que j'ai peut-être eu seulement froid en attendant dehors les retardataires après le petit déjeuner. Mais je ne discute pas. Anup me propose deux solutions soit monter jusqu'au col à cheval, soit redescendre jusqu'à Thorong-Phedi pour me reposer, passer la nuit au Base Camp pour passer le col le lendemain. Devant ma tête pour la deuxième solution, il tente de me dégotter un cheval. A la place, j'ai un yack. Je ferais donc la montée à dos de yack. De toute façon, je suis à une altitude supérieure au Mont Blanc.

Juché sur mon yack, je fais sensation lorsque je double la file quasi continue de trekkeur. Eglantine est jalouse. Pas le temps de m'arrêter pour les autographes.

Il ne faut pas être sujet au mal de mer pour chevaucher un yak, car cela tangue beaucoup.

Arrivée au col, j'attends Anup en buvant un thé. Petit à petit le groupe arrive, et j'ai juste le temps de poser pour une photo devant le panneau qui indique le col. J'attaque la descente en compagnie de Anup, je me sens mieux.

Au loin, nous apercevons la vallée et Muktinath, terme de notre étape. La descente de 1700m à travers la neige, les pierriers s'annonce longue.

La vallée de la Kali-Gandaki présente des paysages quasi-désertiques surplombés par le Tukuche Peak et la chaîne du Dhaulagiri.

A Muktinath, nous sommes hébergés dans un hôtel *** comparé à ceux des derniers jours. Je peux prendre une de mes premières douches réellement chaudes depuis Katmandou. Je profite de l'après-midi pour faire une sieste réparatrice, et pour acheter quelques souvenirs dans les boutiques.

Etonnement, une grande partie du groupe part au lit de bonne heure alors que demain c'est grasse matinée.

Baale (50kg, 1m55) le porteur le plus impressionnant s'est blessé à la cheville lors de la descente, Sébastien est appelé aux soins.

Juste pour info, au col il y a 27% d'oxygène en moins par rapport au niveau de la mer et 50% d'UV en plus.

Randonneurs Thorong Pass Vallée Dhaulagiri

Jour 13 - Muktinath - Kagbeni

12km   +0m/-960m
En Ligne   +10°/+20°

Après une grasse matinée toute relative, nous sommes réveillés à 8 heures, pour une demi-journée en direction de Kagbeni. Au fur et à mesure de notre progression, nous découvrons la vallée aride de la rivière Kali Gandaki. Les paysages sont complètement différents de ceux rencontrés de l'autre côté du col.

Sur le chemin, nous visitons le monastère de Jharkot, en restauration. Anup nous explique le bouddhisme et le cercle de vie.

Plus nous approchons de Kagbeni, plus nous ressentons le vent violent qui souffle dans la vallée. Je trouve les paysages époustouflants.

A Kagbeni, nous logeons au Mustang Hotel, qui propose des Mac Yak, dont le symbole est un grand M ressemblant à une chaîne de restauration rapide, mais nous n'aurons pas l'occasion de déguster cette spécialité, à la place nous mangeons des bujitos !

Dans la ville, je fais la visite du monastère avec Jacqueline, Bernard sous la direction d'Anup. Avec en prime un complément d'information sur le bouddhisme. Ensuite, je déambule dans les méandres de la forteresse et de la ville. Au détour d'une rue, sur une place, des enfants jouent à un jeu de toupie dont la règle semble être de faire sortir la toupie adverse du cercle.

Lors de ma promenade, je tombe nez à nez avec Bhuwan, un de nos porteurs, étudiant en Business à Katmandou, qui fait porteur pendant les vacances pour gagner l'argent qui lui permet de continuer ses études. Cela lui permet aussi de visiter le pays, car c'est la première fois qu'il quitte Katmandou et sa vallée.

De retour à l'hôtel, qui pourrait être un **** tellement il est cosy, chambre avec salle de bain salon. Eglantine, Pierre-O, Olivier et Vincent offrent l'apéro au groupe - randonneurs, sirdars et porteurs. Rapidement les chants népalais résonnent, nous improvisons quelques chansons françaises, nous aurions besoin de répéter, même la Star'Ac et autre Nouvelle Star ne voudraient pas de nous. Les tables du salon sont écartées pour faire place aux danses népalaises. Kasi, Baale et Joker ont chacun leurs armes personnelles, de notre côté seule Eglantine fait fureur.

Aujourd'hui c'est la fête nationale au Népal, les porteurs et les sirdars feront la fête et joueront au Callbreak jusqu'à deux heures du matin.

Jharkot Panorama Jharkot Montagne Thorong Pass Montagne Nilgiri

Jour 14 - Kagbeni - Marpha

18km   +10m/-140m
En Ligne   +5°/+22°

Pour une fois, c'est Anup qui réveille tout le monde, et nous sommes prêts avant les porteurs et les sirdars. Donc nous partons tardivement pour Marpha via Jomsom.

Nous suivons le lit de la rivière dans un paysage toujours aussi désertique. Dès que le vent se lève vers 10h, nous augmentons un peu notre rythme de marche.

Tout le long du trajet, nous croisons des pèlerins qui vont se recueillir au monastère de Kagbeni, Jharkot et Muktinath, profitant des deux semaines de congé pour la fête nationale.

Derrière nous, il est encore possible de voir le Thorong-La, d'où viennent les fous, dixit le restaurateur du monastère de Jharkot.

Devant nous, à droite le Dhaulagiri, qui disparaît peu à peu de notre vue, et à gauche le Nilgiri. Ces sommets enneigés contrastent fortement avec le paysage désertique de la vallée où seuls quelques buissons poussent.

Jomsom, une grande ville avec des grandes avenues, doit son essor à l'aéroport qui permet les liaisons quotidiennes, en matinée avant que le vent se lève, avec Pokhara - 52$ pour les étrangers et Katmandou - 115$. C'est plus une ville étape qu'une vraie ville, car clairement la vie s'organise autour de l'aéroport et de la caserne militaire chargée de sa surveillance.

Pendant notre repas à Jomsom, le vent se lève, nous repartons donc, tête baissée face au vent pour rejoindre le plus rapidement possible Marpha, terme de notre étape.

Je trouve la ville de Marpha superbe, avec ses ruelles étroites, ses fenêtres sculptées, le bois qui sèche sur les toits, les murs des bâtiments peint en blanc.

Nous dormons au Paradise Hotel, plus rustique que celui des jours précédents, mais néanmoins charmant avec ses cours intérieures.

Dès notre arrivée à l'hôtel les sirdars et les porteurs disparaissent de notre vue, ils ont dû aller se coucher pour récupérer de leur courte nuit.

Ayant du temps de libre, je déambule dans les rues, quittant la rue principale, je monte jusqu'au monastère.

Marpha est la capitale de la pomme et produit un brandy que nous avons le plaisir de déguster ce soir en apéro avant le repas. Cet Apple Brandy est une sorte de calvados. Anup nous fait aussi déguster l'Apricot Brandy, à l'abricot, plus sucré.

Après le repas, quart de finale du tournoi Népal-France de Callbreak. Je joue avec Vincent, Sun, et Kasi. La première partie est remportée haut la main par Kasi, Vincent fini second. Pour la deuxième partie, je finis en tête devant Kasi. Sun termine bon dernier avec un score de -17, nous le soupçonnons d'avoir fait exprès pour nous faire jouer de l'argent.

Nilgiri Nilgiri Montagne Marpha

Jour 15 - Marpha - Ghasa

26,4km   +20m/-640m
En Ligne   +9°/+20°

Départ de Marpha pour une longue journée de marche. La vallée qui s'était un peu resserrée en arrivant sur Marpha, recommence à s'élargir en une grande étendue de galet. Les pins d'Himalaya apparaissent sur les flancs des montagnes. Nous avons de nombreux points de vue sur le Nilgiri et sur le Dhaulagiri.

Nous faisons une petite pause à Tukuche, connu pour son brandy semblable à celui de Marpha. Les fenêtres des habitations sont richement sculptées. Le terrain de football sur la place du village n'est pas vraiment un billard, entre les très nombreux cailloux, les monticules de terre, etc.

Après Larjung, la vallée devient encaissée, ce qui engendre des bouillons dans la rivière. Les sommets commencent à se couvrir de nuages, ce sont les dernières photos du Dhaulagiri de la journée. Cependant le Nilgiri reste dégagé.

Pour le déjeuner à Kokhethanti, le restaurant choisit devait nous offrir un magnifique point de vue sur le Dhaulagiri et le Tukuche, mais le plafond nuageux nous prive de ce spectacle. Parfois ça se dégage les membres du groupe qui étaient à la Réunion comprendront.

A Lete, le chemin est dallé, l'architecture change, les maisons se parent d'une avancée couverte. La végétation change et devient plus tropicale.

Nous connaissons notre première frayeur lors d'une traversée sur un pont suspendu. Car des mules se sont engagées sur le pont alors que nous étions au milieu, Kasi qui ouvrait la marche c'est mis à courir, nous avons suivi. C'est une expérience que de croiser des mules chargées sur un pont d'un mètre de large au-dessus de plusieurs mètres de vide.

Peu après, dans une forêt d'eucalyptus, saules et bambous, j'entends du bruit dans le feuillage, puis j'aperçois une queue de ce qui semble être un singe. En s'arrêtant, nous observons des gibbons qui nous observent avec la même attention et la même surprise que la nôtre.

A Ghasa, le terme de notre étape, Kasi devient inquiet car nous passons devant les hôtels sans trace de Joker qui était parti réserver les chambres. De plus, le village est tout en longueur avec des passages dans la forêt sans aucune habitation.

En fait, notre hôtel est au bout du village, face à une cascade. Une habitude.

Tukuche Balcon Vallée Dhaulagiri Panorama Randonneurs Kokhethanti

Jour 16 - Ghasa - Tatopani

18km   +5m/-865m
En Ligne   +13°/+31°

Peu après le départ, nous sommes arrêtés par un contrôle de police qui surveille le pont suspendu au-dessus de la vallée encaissée. Nous traversons rapidement après l'autographe déposé dans le registre, car des convois de mules attendent derrière nous.

Des grands papillons exotiques volètent autour de nous, des libellules se posent devant nous, des chenilles énormes traversent le chemin devant nos pas. C'est la journée insectes.

Les villages que nous traversons sont des vrais villages avec une vraie vie centrée autour de l'agriculture : moisson du riz, labour, etc.

L'architecture change les maisons s'agrandissent avec deux étages et s'organisent autour d'une cour délimitée par les différents bâtiments dont l'étable.

Nous faisons la pause thé matinale à Rukse-Ghharaka face à une superbe cascade. Les convois de mules en profitent pour nous doubler.

Déjeuner en terrasse à Dana, pour la première fois depuis quelques jours nous pouvons manger en t-shirt et en short.

A Dana, nous sommes dans la vallée la plus profonde du monde, car Dana (1440m) est coincée entre deux sommets de plus de 8000m : le Dhaulagiri et l'Annapurna.

Entre Dana et Tatopani, nous franchissons les 200Kms de marche depuis le début du trek.

Nous profitons de l'après-midi de libre à Tatopani (Tato : chaud, pani : eau) pour nous baigner dans les sources naturelles d'eau chaude. La température de l'eau avoisine les 40°C. Presque trop chaud, néanmoins cela change des douches froides.

La vue du Nilgiri et de l'Annapurna Sud est bouchée par un plafond assez bas.

Avant le repas, la pluie se met à tomber, nous espérons que cela dégagera le ciel pour la grosse étape de demain, nous permettant ainsi d'apercevoir les sommets enneigés.

Vallée Rukse Chhahara

Jour 17 - Tatopani - Ghorepani

19,2km   +1670m/-0m
En Ligne   +9°/+25°

Aujourd'hui grosse étape, environ 1600m de dénivelé positif pour se rendre à Ghorepani.

En attrapant mes chaussures dehors, j'aperçois le Nilgiri, le temps d'enfiler les chaussures et d'attraper l'appareil photo, les nuages arrivent. Tant pis pour la photo.

Nous rattrapons des convois de mules, Kasi qui mène le groupe, reste derrière car nous devons changer de chemin.

Premier pont suspendu, toujours pas de Nilgiri, qui reste désespérément caché derrière les nuages. Deuxième pont, puis nous quittons la vallée de la Kali-Gandaki.

Une petite pause pour prendre la célèbre photo du Népal : un pont suspendu au-dessus d'une vallée encaissée avec au fond des sommets enneigés. Notre photo sera une version sans sommets.

Nous attaquons sur un bon rythme la montée. Petit à petit, nous laissons derrière nous orangers, pamplemousses, bananiers, poinsettias, pour retrouver rizières et cultures maraîchères plus quelques pieds de marijuana.

Au fur et à mesure de l'altitude, la végétation change, les cultures font place à des forêts de feuillus, de rhododendrons.

Lors de la pause déjeuner, Anup finit son explication sur le bouddhisme.

Après le repas, la montée reprend, le groupe se sépare.

Dominique, Olivier, Vincent et moi ferons la montée ensemble en tête pour arriver les premiers au lodge.

Le reste du groupe suit à quelques minutes. Cependant les derniers auront droit à une averse de grêle.

Tout le monde est éprouvé par cette interminable montée. Et les fauteuils du Sunny Hotel sont les bienvenus, d'autant qu'ils font face à un superbe panorama, enfin quand c'est dégagé. Parfois entre les nuages, nous apercevons le Dhaulagiri, le Tukuche, et l'Annapurna Sud.

Le temps est incertain, oscillant entre pluie, grêle et éclairci. Tout le monde espère une éclaircie demain matin pour aller voir le lever de soleil sur les montagnes et pour profiter du panorama.

Un petit tour de ville pour acheter un croissant au chocolat à déguster demain matin et un gâteau au chocolat à déguster immédiatement.

Dans la salle du restaurant, les maoïstes passent pour réclamer l'impôt révolutionnaire. Anup est content, il a négocié un bon prix. Les deux camarades font un peu folkloriques, un avec son carnet à souche pour le reçu, et l'autre avec sa mitraillette antédiluvienne censée faire peur. Ils se laissent même prendre en photo, une première pour des hors-la-loi.

Après le repas, un coup d'œil par la fenêtre montre un ciel étoilé complètement dégagé. Le Dhaulagiri, le Tukuche, et l'Annapurna Sud laissent apparaître leurs sommets enneigés éclairés par la pleine lune. Cela laisse présager un magnifique lever de soleil à Poon-Hill.

Pendant ce temps-là, la fête bat son plein dans la salle du restaurant, les chants népalais, la macarena et autres tubes retentissent.

Carte postale Montagne

Jour 18 - Ghorepani - Ghandruk

21,6km   +470m/-1340m
En Ligne   +6°/+16°

4h50, à l'heure du réveil pour Poon-Hill, j'entends des chuchotements, des mouvements de frontal éclairent la chambre, mais personne ne frappe à la porte pour sonner le réveil. En fait, le plafond est bas alors grasse matinée jusqu'à 6h00. Lors du petit déjeuner, nous apprenons que presque personne n'est monté à Poon-Hill, certains ont même décidé de rester un jour de plus pour tenter leur chance demain.

Nous partons pour Gandruk, après une première montée, nous suivons un chemin de crête dans une forêt de rhododendrons.

Au détour d'un virage, des gibbons sont visibles au loin dans les arbres, comme la dernière fois, ils ont l'air aussi surpris que nous. Juste avant le repas nous faisons notre dernière grande montée du trek.

Au moment du repas éclate un orage de grêle qui se transforme en averse. Nous enfilons cape de pluie ou Goretex.

A deux autres reprises, nous verrons des gibbons. Nous progressons sur un petit chemin fait de marche à travers une forêt qui devient de plus en plus tropicale.

C'est la dernière soirée avec les porteurs et les assistants, une collecte est organisée. Les porteurs font l'unanimité, la somme récoltée est supérieure à celle des assistants. Heureusement la différence entre le nombre de porteurs et d'assistant fait que la logique soit respectée, les assistants doivent percevoir plus que les porteurs.

Entre les nuages, nous apercevons le Machhapuchhare, la montagne la connue car la plus photogénique.

J'écris ces lignes à la frontale sur la terrasse de l'hôtel, le village étant plongé dans l'obscurité la plus totale depuis plusieurs jours.

Juste avant le repas, l'électricité est rétablie grâce certainement à un groupe électrogène. Parfait pour le repas avec les porteurs et les assistants. Au menu, Dalbath à déguster à la népalaise, c'est-à-dire avec les doigts. Les porteurs rigolent de notre façon de faire.

Après le repas, soirée dansante avec DJ Sun aux commandes. Puis remise des enveloppes, des vêtements aux porteurs et aux assistants. Les vêtements sont tirés au sort par les porteurs. Lama, le chef des porteurs, organise le partage de l'argent et de la tombola.

Vallée Forêt Porteurs

Jour 19 - Ghandruk - Pokhara

14,4km   +15m/-935m
En Ligne   +16°/+26°

Dès le réveil, tout le monde se précipite pour essayer d'apercevoir le Machhapuchhare qui se dérobe à notre vue depuis plusieurs jours. Et pour une fois, nous pouvons le voir entre les nuages.

Nous commençons la descente sur le chemin en grande partie dallé. Les montagnes avoisinantes sont couvertes de culture en terrasse. La moisson du riz a commencé.

Lors d'une pause, Sébastien se porte au secours d'une Népalaise, qui s'est coupé la veille. Il fait une magnifique poupée. Au fur et à mesure de la descente, les sommets se couvrent de nuages.

Une fois dans la vallée, le chemin s'élargit, il y a de plus en plus de monde, une sorte de retour à civilisation.

Au moment de la pause déjeuner à Birethanti, une averse éclate, nous repartons pour nos derniers kilomètres de marche avec Goretex ou cape de pluie.

A l'approche du terme de notre étape, nous croisons de plus en plus de randonneurs tout propres qui se lancent à l'assaut des chemins népalais.

L'arrivée sur le terminal de bus est décevante car nous traversons un immense centre commercial, les maisons ne sont que des boutiques. Dernière petite montée pour rejoindre notre bus. Nous passons devant Anna et sa famille qui attendent le bus pour Pokhara depuis près de deux heures.

Nous embarquons pour 1h30 et 40Km de route à travers les montagnes.

Déjà nous avons la nostalgie des montagnes où seuls les cloches des ânes retentissaient en lieu et place des klaxons. Cela fait 15 jours que nous n'avions pas vu de véhicule motorisé en dehors d'un tracteur le premier jour, et de deux motos et un avion à Jomsom.

Arrivée sans encombre à Pokhara, seul un porteur est malade. Adieu et dernier remerciement aux porteurs.

Je pars faire mes derniers achats, le marché pour les touristes offre une panoplie d'articles à prix imbattable. Il est même possible de faire personnaliser un T-shirt qui sera brodé sous nos yeux dans les boutiques sur de vieille machine à coudre.

La vue sur les sommets reste bouchée par les nuages, il reste une dernière tentative demain matin, sinon il faudra acheter la carte postale.

Dîner dans un des nombreux restaurants proches de l'hôtel, les assistants nous accompagnent pour boire un coup. Joker est passé chez le coiffeur, il a rasé la moustache. Anup est lui aussi passé chez le coiffeur. Un adieu aux assistants. Plus le temps avance, plus cela sent la fin du voyage.

Après le repas, un petit groupe part en direction du marché pour effectuer les derniers achats et pour déguster un jus de fruits ou un milk-shake, excellent.

Machhapuchhare Annapurna Rizière Kimche Vallée Assistants

Jour 20 - Pokhara - Patan - Katmandou

Du toit de l'hôtel, la chaîne des Annapurna se dévoile enfin à nous. Tout le groupe défile pour immortaliser le panorama.

Départ pour l'aéroport, où notre vol annoncé comme retardé et finalement à l'heure, enfin presque. Fouille de certains bagages, rien de suspect de trouvé, soit parce qu'il n'y avait rien à trouver soit c'est la méthode de recherche, qui d'ailleurs nous laisse plus que perplexe. Passage sous un portique qui systématiquement sonne pour chaque passager, ce qui donne lieu à une fouille du sac à dos et dudit passager dans une cabine. Le policier qui m'inspecte me demande si j'ai sur moi un couteau, un briquet ou des allumettes, la réponse est non. Mais pas de question sur les armes à feu. La fouille de sac est plus que symbolique, mais cela doit rassurer des passagers.

Nous embarquons dans un petit bimoteur à hélice de 19 places. Les places à gauche sont âprement disputées car elles permettent la vue sur l'Himalaya. C'était sans compter sur les nuages.

Ce vol restera dans ma mémoire, car il est rare de suivre les manœuvres des pilotes dans le cockpit sans porte. Le copilote profite du vol pour lire le journal. Les paysages survolés sont magnifiques. 20 minutes de vol pour faire Pokhara Katmandou au lieu des 6 heures de bus à l'aller.

Retour à Katmandou, à la pollution, au concert perpétuel de klaxon, à la circulation anarchique.

Visite de Patan, de son palais royal. Patan était la capitale d'un des trois royaumes qui se partageaient la vallée. Après le repas, dans les jardins royaux, nous profitons de quelques minutes de quartiers libres pour visiter Durbar-Square. Dans une des cours du palais, a lieu le sacrifice rituel d'une vache. Je ne sais pas ce qui est le plus horrible entre la lenteur des mouvements qui découpent la gorge de l'animal à la recherche de la veine jugulaire ou certains touristes qui sous prétexte de filmer ou de photographier bousculent tout le monde sans aucun respect pour les coutumes.

Retour à l'hôtel Manaslu, point de départ népalais du voyage, où je refais mes bagages et j'écris ces quelques dernières lignes avant de retrouver le groupe dans un restaurant de Thamel. Une collecte est organisée pour Anup, je suis encore désigné volontaire. Nous dînons dans un restaurant tibétain, excellent et gargantuesque. A la fin du repas, nous disons au revoir à Marc et Dominique qui ne rentrent pas avec nous.

Panorama Panorama Machhapuchhare Paysage Durbar Square Temple Temple

Jour 21 - Katmandou - Paris

Réveil à 4h30, enfin presque, Sébastien vient me réveiller à 5h00 pour le petit-déjeuner. Départ pour l'aéroport, le trajet est l'occasion de remettre l'enveloppe à Anup et de petits discours.

Au revoir à Anup devant le bâtiment principal, en fait le seul, de l'aéroport, car il doit rejoindre son prochain groupe constitué de 14 femmes et d'un homme - le pauvre, arrivé la veille au Népal.

Remplissage des formalités administratives pour quitter le pays, pour l'embarquement. Un coup d'œil à l'écran nous informe que notre vol prévu pour 8h15 est retardé d'une heure.

La distance entre l'avion et la salle d'embarquement est d'environ 60 mètres, les Népalais dans leur grande gentillesse mettent à disposition des touristes fatigués par de longues randonnées, un bus pour effectuer le chemin. Après avoir chargé sa cargaison, le bus démarre, roule 30 mètres et s'arrête pour déverser ces touristes sur la piste face à la passerelle de l'avion. Une fois vide, le bus effectue des manœuvres pour essayer de rejoindre son point de départ. Les responsables de l'aéroport remarquent rapidement l'incongruité de l'opération et décide d'y mettre fin après seulement un aller de bus qui ne fera pas de retour.

Finalement nous décollons à 10h05, la correspondance de Doha est toujours Ok.

Au bout d'une heure de vol, au milieu du film, le pilote nous annonce que nous devons atterrir à Delhi pour safety reason. Un quadrupède à poil d'une dizaine de gramme de la famille des muridés se promène dans la cabine. Jacqueline, Olivier aperçoivent cette souris, passager clandestin et rongeur reconnu susceptible de s'en prendre aux câbles.

11h50, nous atterrissons à Delhi, le film coupé pendant la procédure d'approche peut enfin reprendre. Tout le monde va enfin voir la fin du Tour du monde en 80 jours, très librement inspiré de Jules Vernes. Après une bonne heure attente dans l'avion, les autorités indiennes donnent l'autorisation de poser le pied sur le territoire indien. Les passagers sont transférés dans une salle d'embarquement dont la dernière utilisation remonte à l'époque du romancier susnommé.

Pendant ce temps, dans l'avion la chasse à la souris s'organise.

Après une légère collation et un thé, une certaine fébrilité et agitation laissent présager un départ imminent. L'avion trône toujours sur la piste, toutes portes ouvertes pour aérer la cabine suite au gazage du rongeur.

Décollage de Delhi à 18h40 - heure de Katmandou, la correspondance de Doha est ratée. La suite du vol se déroule sans encombre malgré une rumeur du retour de la souris.

21h30 - heure de Katmandou, atterrissage à Doha, tout le monde se précipite aux comptoirs de la Qatar Airways pour connaître son sort : hôtel ou correspondance. Le choix est vite connu : correspondance. Pour Paris, nous partirons à 00h45 - 3h30 à Katmandou. Malgré tout, les choses sont bien faites, l'aéroport de Doha a mis à profit ces trois semaines pour refaire le Duty Free, cela va permettre de passer plus rapidement les heures d'attente.

La seconde partie du voyage vers Paris se déroule sans souris et sans encombre. Faut dire que tout le monde dort dans l'avion, et que les seuls animaux visibles sont les moutons comptés par ceux qui auraient du mal à dormir.

Atterrissage à Paris à 07h00 - 10h30 à Katmandou, plus de 30 heures que nous sommes réveillés et que nous n'avons pas dormi allongé dans un lit. Heureusement que j'ai pu profiter d'une demi-heure de rab.

J'ai, sur ce voyage de retour, passé plus de temps dans les aéroports à attendre un avion qu'en vol.

Jour 22 - Paris

Chez moi, après le trajet en RER, je commence à vider ma valise, à faire des lessives, à écouter les messages téléphoniques. En fait, toute occupation est bonne pour ne pas sombrer dans un sommeil qui serait fatal au décalage horaire.

21h00, au lit, pour une nuit qui s'avérera longue - 14 heures, le réveil étant marqué par le retentissement de la sonnerie du téléphone.

Sinon la nuit, par habitude Népalaise, fut juste perturbée par une pause pipi, mais pour essayer de me désaccoutumer, je n'ai pas utilisé la frontale pour me rendre dans le lieu adéquat.

Le reste de la journée est rempli par une séance coiffure, rasage et lessivage.