Voyages Et Randonnées

Mauritanie : A la découverte des dunes de Leklewa

Une semaine de randonnée dans le désert le plus habité au monde, en avril 2003.

Article publié en mai 2003

Jour 1 - Attar - La vallée blanche

Rendez-vous est pris à Orly T3 pour le départ en Mauritanie, les billets d'avion sont à prendre sur place. Bien sûr pas de comptoir, il faut attendre. Les discussions sur la Mauritanie, sur les treks, les circuits s'engagent entre les personnes qui attendent.

Nous embarquons. Chouette !! L'avion n'est pas plein, nous allons pouvoir nous allonger sur les sièges pour commencer notre nuit. Décollage prévu à 2h10, après une escale à Marseille, nous nous dirigeons droit vers Atar.

Après une bonne nuit, c'est super agréable de dormir dans un avion allongé sur trois sièges, nous survolons la Mauritanie, je prends quelques photos à travers le hublot. Les paysages vus du ciel sont superbes.

A l'aéroport, après avoir récupérer les bagages, changer de l'argent, je retrouve le guide et le reste du groupe sur le parking. Nous embarquons dans un taxi, direction une auberge, où nous attend le traditionnel thé à la menthe. En Mauritanie, il se prend en trois fois, chaque verre étant différent.

La chaleur commence à se faire sentir. Nous donnons un coup de main pour décharger livres et cahiers fournis par l'association 1000 pages, dont notre guide est le correspondant local.

Dans l'après-midi, nous partons en taxi pour notre premier bivouac dans le désert. Le point de départ du trek est dans la Vallée Blanche. Au bivouac, nous retrouvons, les deux chameliers et les trois chameaux qui porteront nos bagages durant le trek.

Première nuit à la belle étoile. La température ne descend pas en dessous de 27°C - du moins à chaque fois que je me réveille dans la nuit, c'est à dire pas souvent (mon réveil de voyage fait aussi thermomètre).

Vue du ciel La Vallée Blanche Un chameau

Jour 2 - Oasis de Agmemine

Après un réveil un peu matinal, et un bon petit déjeuner, nous sortons de la Vallée Blanche. Depuis les collines, je profite de la vue sur la Vallée Blanche pour faire une succession de photos, montée par la suite en panorama.

Dans la matinée, nous faisons une halte dans un village en bordure d'une palmeraie, les villageois nous invite chez eux à boire le thé.

La chaleur nous oblige à avoir le rythme de vie suivant : levé tôt le matin pour partir à la fraîche, grande pause le midi (en fait entre 10h00-11h00 jusqu'en fin d'après-midi 17h00-18h00), et une heure de marche jusqu'au bivouac de la nuit.

Donc, nous faisons notre grande pause déjeuner à l'ombre des palmiers. La chaleur est quasi insupportable (42°C à l'ombre, et heureusement il y a de l'ombre). En fait, c'est le dernier départ de trek de la saison (fin avril-début mai), il est donc tard dans la saison, il est préférable de partir en mars, bien que cette année, le mois de mars ait été aussi chaud.

Vers 17h00, nous repartons, la température n'a pas baissé, toujours 42°C à l'ombre, mais ce coup-ci nous marchons au soleil. Après trois quarts d'heure de marche, nous traversons un village, Véronique s'assoie, prise d'un coup de chaud. Les villageois nous aident à la transporter à l'ombre et nous donne de l'eau.

En vérifiant, le niveau de ma gourde, je m'aperçois que j'ai bu un litre d'eau.

Les enfants du village rigolent en nous voyant chausser pour marcher dans le désert, alors qu'ils utilisent des tongs depuis leur plus tendre enfance. Nos tenues (manches longues), nos sacs à dos, notre façon de mettre le chèche, les font aussi beaucoup rigoler.

Nous repartons vers notre bivouac dans le creux d'une grande dune.

Dès que le soleil se couche, le vent se lève. Plus les minutes passent, et plus le vent est violent. La tempête. Impossible de visiter un désert sans une tempête de sable, bravo à l'organisation.

La nuit est très courte, impossible de dormir avec le sable qui gifle le visage (je sais le chèche sert à ça, mais il est rangé dans mon sac).

Au petit matin, le vent s'est calmé, et séance archéologie. A la recherche de nos sacs, enterrés sous le sable. Seul Nicola ne retrouve pas ses chaussures, nous allons lui prêter des sandales.

La Vallée Blanche Habitat traditionnel Dune

Jour 3 - Erg de Leklewa, Dunes de Lemghaïmime

Normalement la Journée du trek, d'où il tire son nom, nous devons traversons les dunes de Leklewa.

Cependant, suite à la tempête et à la courte nuit, le guide nous fait traverser le champ de dune pour que nous passions la journée à l'abri dans un village inoccupé. Les habitants viennent pour ramasser les dates dans la palmeraie voisine. Le village est un assemblage un peu épart de maisons construites en pierre avec le toit en feuille de palme, avec au milieu une bâtisse équipée d'une porte. Ce bâtiment est un entrepôt où les villageois stockent leurs affaires d'une année sur l'autre.

La température est toujours la même, environ 42°C à l'ombre la journée.

En fin d'après-midi, après une longue sieste, nous allons nous laver dans la palmeraie. Le pied total.

Après un excellent repas accompagné de pain du désert cuit dans le sable, nous nous installons pour une nuit qui s'annonce plus calme que la précédente.

J'en profite pour prendre une photo du ciel étoilé, normalement centré sur l'étoile polaire, enfin presque. Le nombre d'étoile visible est astronomique. De plus, les constellations n'ont pas la même place dans le ciel qu'en France. Orion est visible, et la Grande Ourse frôle l'horizon.

Dunes de Leklewa Dunes de Leklewa Habitat Ciel étoilé

Jour 4 - Oasis de Noueïb

Après une excellente nuit, j'assiste un magnifique levé de soleil.

Nous partons, après le petit-déjeuner. Nous traversons une succession d'oued et de colline. Les paysages rencontrés sont différents de jours en jours. En longeant un oued, nous apercevons à flanc de colline des villages habités. Ces constructions en hauteur sont pour éviter les crues des rivières qui, même si cela n'arrive pas souvent, s'avèrent importante et détruisent tout.

La grande pause s'effectue à l'ombre des acacias. Une fois encore, la chaleur est étouffante. Tous les moyens sont bons pour essayer de trouver un peu de fraîcheur (T-shirts mouillés, bain de pied, etc.).

En repartant, c'est moi qui ai un coup de chaud, alors c'est la sanction : fin de la journée à dos de chameau, que Nicola avait si bien chargé.

Lever de soleil Acacia Chargement

Jour 5 - Montagne de Leksaïsira, Oasis de l'oued Timinit, Ouagchedda

Journée calme pour moi, je ne tiens pas à rééditer le coup de chaud de la veille. Surtout que la température ne faiblit pas, toujours 42°C à l'ombre entre 10h00 et 17h00. Et nous ne marchons pas à l'ombre.

Nous remontons un oued, traversons des champs de dune, etc. Les paysages sont toujours aussi superbes.

En fin de journée, installé dans l'oued, nous pouvons nous laver avec l'eau du puits. L'eau nous parait si fraîche que Nicola et moi prenons le risque de la boire sans la purifier. C'est l'avant-dernier jour de marche, ensuite c'est la visite de Chinguetti. Donc même si nous sommes malades, les inconvénients nous ne paraissent pas énormes, en tous cas bien inférieurs au fait de pouvoir boire de l'eau fraîche.

Champ de dunes

Jour 6 - Oued de Timinit

Dernière matinée de trek, nous remontons l'oued jusqu'à une oasis. En attendant le taxi, nous buvons du thé, les habitants des villages voisins viennent nous vendre les articles.

Un 4x4 Toyota blanc arrive au loin, c'est notre taxi.

Après avoir chargé nos bagages, nous disons au revoir aux chameliers et les remercions de leur gentillesse. Nous ne le savons pas encore, mais nous allons vivre la journée la plus mouvementée du périple.

Rapidement, le taxi quitte le sable de l'oued, pour la pierre des collines avoisinantes. Et au bout, de quelques kilomètres, crevaison. Le pneu est vite changé, mais il reste 80 kilomètres à faire et nous n'avons plus de roue de secours.

Nous arrivons sur un plateau où seuls les acacias et les pierres semblent pousser.

Et évidemment, nous crevons une deuxième fois. La solution est de démonter le pneu, sortir la chambre, coller une rustine, remonter le pneu et regonfler. Simple. Sauf quand il manque la colle à rustine. Notre guide signale au chauffeur que des nomades motorisés vivent à proximité, ils pourront nous dépanner.

Arrivée au campement, nous sommes conviés chaleureusement sous la tente. Nous entendons les bruits de la réparation qui s'avère un peu plus longue que prévue à cause d'un pneu récalcitrant. Nous en profitons pour manger, et ensuite, entamer notre sieste quotidienne. Pendant ce temps-là, la réparation continue, un petit intermède, pour retrouver le propriétaire de la colle à rustine qui s'est absenté du campement. Bon gré, mal gré, nous embarquons sans avoir oublier de remercier nos hôtes pour leur générosité et leur accueil.

Nous arrivons sur une barrière rocheuse longue 30km que nous devons franchir. Après moult tentatives, il faut s'avouer vaincu, nous devons contourner la montagne. Petit détour de 50km, car la passe que nous devions franchir se trouve du côté le plus éloigné du chemin que nous devons prendre. Tout va bien.

Nous continuons notre progression sur la piste entre cailloux et sable. Passant à proximité d'un village, nous débarquons les passagers pris lors de la réparation des pneus. Les kilomètres défilent, les heures passent, et la nuit approche.

Une expérience à vivre, faire du 4x4 sur une piste de nuit. Nous nous arrêtons régulièrement pour retrouver le halo lumineux qui identifie Chinguetti.

Nous arrivons à Chinguetti de nuit. En entrant dans la cour de l'hôtel, j'ai une vision, après plusieurs jours de désert, je vois quelques personnes allongées sur des matelas dans la cour en train de regarder la télévision, et juste derrière une antenne parabolique de 4 mètres. Le contraste est énorme.

Nos chambres sont superbes, après s'être installé, nous allons voir la télévision en attendant notre repas.

Hôtel

Jour 7 - Chinguetti

La vision de l'hôtel le jour n'a rien à envier à celle de nuit. Après le petit-déj, nous visitons Chinguetti et ses célèbres bibliothèques.

Chinguetti est la septième ville sainte de l'islam, érigée en 160 de l'hégire. Elle a connu un grand essor à partir du XIIIème jusqu'au XIVème siècle, située sur le trajet des caravanes, c'était une ville étape. Les habitants riches ont fait venir des livres : poésie, grammaire, coran, etc. Des écoles coraniques se sont ouvertes. La ville a pris un essor culturel. A la chute de la ville, les livres stockés se sont conservés dans ce climat désertique jusqu'à nos jours.

Nous avons visité une bibliothèque, qui est un train de mettre en place une politique de conservation, d'archivage des documents qui possède - plusieurs milliers de livres. Nous avons consulté un recueil de poème du XIVème siècle.

Dès le XIIIème siècle, les habitants ont inventé un système très ingénieux de serrure. Même si sur certaines portes du XVIIIème, cela n'a plus beaucoup d'intérêt.

La ville de Chinguetti est séparée en deux par un oued, d'un côté la vieille ville qui s'ensable et où beaucoup de bâtiments sont en mauvais état car laissés à l'abandon par les habitants qui préfèrent vivre dans la ville nouvelle. Après un petit tour au marché, nous partons vers Atar.

Au bord de la route, nous faisons une halte pour voir des peintures rupestres découvertes par Théodore Monod en 1951, et un coup d'œil sur le magnifique paysage qui s'étend devant nous. A quelques centaines de mètres de là, se trouve Fort Saganne, il s'agit du fort utilisé dans le film. Cependant, ce n'est pas le vrai Fort Saganne qui se trouve plus proche de Chinguetti. Il était utilisé pour loger les acteurs, et le personnel présent sur le tournage. Néanmoins, on se met à chercher Sophie Marceau, Gérard Depardieu, etc.

Poème Porte Porte décorée Architecture Les bœufs Girafe Canyon Fort Saganne

Jour 8 - Atar

C'est le dernier jour, nous repartons aujourd'hui. Dommage.

Le vol est prévu pour le début de l'après-midi, nous occupons la matinée à une dernière visite d'Atar, puis assistons à un match de foot entre l'équipe des guides de la Somasert (compagnie nationale des guides mauritaniens) et l'équipe des guides de la Balaguère.

Après le repas, nous avons mangé du chameau, plutôt bon, nous partons pour l'aéroport international d'Atar. Une dernière photo avec du groupe et du guide, et nous pénétrons dans l'aéroport une petite larme à l'œil.

L'aéroport se rempli peu à peu, c'est le dernier vol de la saison pour la France. L'enregistrement des bagages commence suivi par le control des passeports, et tous les passagers se retrouvent dans la salle d'attente. Nous attendons notre avion qui vient de France. Nous attendons et les heures passent.

Finalement l'avion atterrit, il est environ 18h00. Nous pouvons embarquer, et un dernier regard sur ce magnifique pays.

Vol sans incident, sauf un petit frisson quand le pilote nous annonce que la température à Paris est de 13°C.

Les équipes de foot L'aéroport international